vendredi 5 décembre 2008

Face au gapillage de la grande distribution : l'apparition des freegans

Les Restos du Cœur rouvrent leurs généreux placards cet hiver, pour la 24ème année consécutive. Car, si les centres restent désormais ouverts toute l'année pour les plus démunis, le lancement de la distribution d'hiver (du 1er décembre au 31 mars) reste très symbolique : c'est là qu'affluent en masse les victimes du froid et, cette année plus particulièrement, de la crise économique.

Les responsables de l'association créée par Coluche craignent en effet de battre un nouveau record de fréquentation, à cause de ce «climat social et économique très difficile et sans précédent». L'an dernier, les quelque 51.500 bénévoles ont servi plus de 91 millions de repas à environ 700.000 bénéficiaires.

«Il y a plus de gens à aider»

En Seine-Saint-Denis par exemple, les inscriptions qui sont ouvertes depuis la mi-novembre - sont «déjà en hausse de 10%» fait valoir un responsable des Restos du Cœur. Et «le chiffre augmentera probablement», à mesure que l'hiver progressera, craint-il également. Au niveau national, la tendance est sensiblement la même : les inscriptions ont augmenté de 5 à 10% affirment les responsables.

Face à un accroissement de la précarité et une baisse du pouvoir d’achat comment expliquer les supermarchés qui jettent de la nourriture.


Supermarchés, restauration rapide, boulangeries, gares, aéroports, etc., rejettent chaque jour des tonnes d'aliments. Un trésor que certains n'hésitent pas à récupérer. On les appelle les freegans. Leur credo : sus à la surconsommation !


Les militants du « freeganisme » ne sont pas des clochards, mais des actifs, généralement urbains, qui récupèrent tout ce que les magasins d'alimentation et les grandes surfaces mettent à la poubelle. En agissant de la sorte, les « freegans » critiquent la société de consommation qu'ils estiment, tour à tour, responsable de violation des droits de l'homme, de destruction environnementale et de torture animale, fermez le ban. Pour eux, la consommation marchande ne peut être un critère de définition du bien-être.

De leur côté, les quelques professionnels de la grande distribution qui acceptent de s'exprimer sur le sujet préfèrent mettre en avant leurs dons aux banques alimentaires ainsi que les filières de revalorisation des déchets qu'ils ont mises en place.

Pour d'autres adeptes du mouvement, être « freegan », c'est aussi chercher à éveiller plus violemment les consciences. Avec l'accroissement de la précarité et de la pauvreté, la nourriture pour tous devrait passer avant les programmes d'armement.

Et si tout le monde ne partage pas forcément les convictions antimilitaristes des freegans, le débat sur la surconsommation interpelle beaucoup

Car le gaspillage dépasse largement les poubelles des supermarchés et, si les freegans ne s'attaquent pas à nos déchets domestiques, nos poubelles ne regorgent pas moins de montagnes de nourriture gaspillée. Figurez vous que, chaque jour, 1 300 000 pots de yaourt partent à la poubelle sans avoir été ouverts.

De même 5 500 poulets sont jetés sans jamais voir l'intérieur du four, à l'heure où les prix des denrées alimentaires grimpent en flèche.

Si faire les poubelles est une affaire de militantisme pour certains, pour d’autres c’est une question de nécessité et de survie. Pascal, Mélanie, sont de ceux-là.
Il arrive à Pascal, étudiant sans le sou, de faire les poubelles des Mc Do de la ville.

Mélanie : « En glanant sur les marchés j'économise 15 € par semaine »

Protégée par son parapluie rouge cerise, Mélanie s'est accroupie entre cagettes et cartons. A l'heure où le marché Cristal replie ses tréteaux, cette étudiante en licence d'anglais glane les fruits et légumes invendus.

À la réflexion, Mélanie reconnaît qu'elle récupère ainsi fruits et légumes par conscience de l'incroyable gaspillage que produit la société de consommation. Mais son choix est avant tout guidé par des raisons économiques que connaissent parfaitement les étudiants : « J'ai un budget de 200 € par mois. Ma mère me paye le loyer - 415 € - pour quelques mois encore. Ensuite il va falloir que je me débouille toute seule. En ramassant des fruits et des légumes sur les marchés, j'économise une bonne quinzaine d'euros par semaine. »

La plupart ont en commun une bonne connaissance des fins de mois difficiles. A 32 ans et 60 ans, André et Bernard perçoivent 440 maigres euros chacun du RMI. Dans leur sac Lidl, une grosse feuille de chou vient de rejoindre quelques champignons. « C'est trop cher ! Les prix des légumes ont encore augmenté, on ne peut pas se les payer », se désole André. En ce samedi, la récolte est un peu maigre et ils reviendront le lendemain…
Face à ce phénomène, devront nous pas changer nos modes et nos habitudes de consommation

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