mardi 3 février 2009

La location des terres, une solution de secours pour faire face à la crise alimentaire

En ces temps de crise financière et alimentaire, dirigeants et états se cognent la tête partout pour trouver une arme de secours. L’arme à la mode des pays riches n’est autre que la location des terres. L’insécurité alimentaire créée par la hausse des prix et des denrées alimentaires, provoque l’essor d’un phénomène en Afrique : l’acquisition d’exploitation agricole par les Etats et groupes étrangers. Selon les états riches la location des terres est nécessaire pour leur sécurisation alimentaire. 

Selon le Financial Times, en novembre dernier, Daewoo Logistics, un groupe sud coréen s’est « payé » Madagascar. Selon l’accord révélé par le Financial Times, Daewoo a mis la main sur 1,3 millions d’hectares à Madagascar pour 99 ans sans une contrepartie financière. Officiellement Daewoo se charge juste de la mise en valeur des terres, soit un financement de six milliards de $ sur vingt cinq ans. Les travaux seront assurés par un groupe de sud coréens et de sud africains, d’où le rôle de spectateurs attribué aux malgaches sur leurs propres terres….
Au vu de ce contrat, la question est de savoir quel est l’enjeu gagnant du pouvoir malgache, pas de transfert de technologie ou de compétences entre coréens et malgaches, ces derniers n’ont seulement vont être dépossédés de leurs propres terres mais ne disposeront pas du savoir des coréens.
Mais les malgaches ne sont pas les seuls dans ce cas de figure, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) depuis un bon bout de temps, mets en garde les pays sur ce phénomène de location des terres mais il est vrai qu’avec la crise financière, les alertes et les mise en garde de la FAO passent au second plan et pendant ce temps certains dirigeants d’états pauvres bradent, exproprient les terres de leurs pauvres concitoyens.

Au Sénégal j’ai entendu parler de la GOANA, grande offensive agricole pour la nourriture décidée par le président sénégalais, à entendre parler le président Wade, c’est une très bonne initiative à l’image de la Namibie qui a réussi son programme alimentaire, assurer la sécurité alimentaire des sénégalais, réduire la dépendance du Sénégal qui importe la quasi-totalité de ses denrées de base. Seul bémol, les acteurs de la GOANA, parmi les acteurs, la DTE, une entreprise chinoise, personne n’ignore les problèmes de la Chine, plus d’un milliards d’habitants, des phénomènes d’épuisement ou d’appauvrissement des sols chinois réduisent les rendements, la production de riz diminue rapidement, alors que la population chinoise augmente rapidement et que son niveau de vie croissant l’encourage à consommer davantage.
La Chine ne pourra pas nourrir seule sa population et devra donc importer de plus en plus de nourriture et compte bien sur des entreprises comme la DTE (Datong Trading Entreprise) au Sénégal pour assurer la sécurité alimentaire des chinois. Et cette mission, Mr Ouyang Riping directeur de la DTE compte bien la remplir car dans l’accord qui lie les autorités sénégalaises à la chine dans le cadre de la GOANA, La société va gérer la bagatelle de 35 000 hectares disséminés dans tout le pays. Juridiquement, elle ne possède pas ces terres : au Sénégal, tout le foncier est propriété d'Etat. Mais la DTE aura la mainmise sur la production des fermiers locaux, qu'elle rachètera au prix fixé par elle.

Précision : pas un gramme de ce sésame sino-sénégalais n'est destiné au marché local. Tout ira en Chine., il est établi que aucun grain de sésame ne restera au Sénégal, toute la production estimée à ira en Chine.
Ce phénomène d’occupation des terres bien qu’elle apparait minime, insignifiant aux yeux des gens par rapport à la crise financière, devrait être pris au sérieux pour la simple raison que tous les candidats à l’immigration sont souvent des jeunes gens dépossédés de leurs terres qui s’exilent. Avant c’était l’exode rural maintenant c’est l’immigration. Les accords que la France a signés avec certains pays d’Afrique sur l’immigration devraient bien prendre en compte ce phénomène de location des terres, les gens entourés de galaxies de soucis iront toujours ailleurs chercher le bonheur. Les émeutes qui se produisent actuellement à Madagascar ne seraient que l’expression de la souffrance d’un peuple par rapport à un accord entre le pouvoir malgache et Daewoo ou ils sentent vraiment lésés et oubliés. Et si on n’éteint pas le feu des maintenant en stoppant ce phénomène d’occupation des terres, ne soyons pas surpris d’une multiplicité de révoltes.

Sources :
Nouvel obs. : M. Riping, roi du sésame, Un Chinois à Dakar
Nouvel obs. : Daewoo se « paie » Madagascar
Afrik .COM : ces etats qui accaparent les terres agricoles en Afrique

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